- baver
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1 ♦ Laisser couler de la bave. Un enfant « qui crie et bave pour toute réponse » (Rousseau).2 ♦ Fig. et fam. Baver de : être ahuri, béant (d'admiration, d'étonnement, de surprise). Baver d'admiration. « il en bavait, tant la chose lui paraissait exorbitante » (Courteline).3 ♦ Fam. EN BAVER : peiner, souffrir. Il va vous en faire baver. En baver des ronds de chapeau.4 ♦ Baver sur : souiller par des médisances. ⇒ calomnier, médire, salir, souiller. Baver sur la réputation de qqn.5 ♦ Se répandre, s'étaler en produisant des bavures. L'encre a bavé.Synonymes :- saliverEn parlant d'un liquide, s'étaler en faisant des tachesSynonymes :- déborder● baver verbe transitif Populaire. En baver (des ronds de chapeau), subir des souffrances, de graves ennuis ; se donner beaucoup de mal. ● baver verbe transitif indirect Familier. Se répandre en propos venimeux : Baver sur ses collègues. ● baver (expressions) verbe transitif Populaire. En baver (des ronds de chapeau), subir des souffrances, de graves ennuis ; se donner beaucoup de mal. ● baver (synonymes) verbe transitif indirect Familier. Se répandre en propos venimeuxSynonymes :- déblatérer sur (familier)- diffamer- salir- souillerContraires :- défendre- louer- soutenirbaverv. intr.d1./d Laisser couler de la bave.d2./d Fig., Fam. Baver de: être saisi de. Baver d'envie.d3./d Fig., Fam. En baver: passer par de rudes épreuves. Il en a bavé pour réussir.d4./d Faire des bavures.⇒BAVER, verbe.I.— Emploi intrans.A.— [En parlant de pers., d'animaux] Laisser couler de la bave par la bouche; jeter de la bave, en sécréter. Les petits enfants ne font que baver (Ac. 1798-1932); le chien enragé bave beaucoup (Nouv. Lar. ill.) :• 1. Et l'escargot sans bruitRampe et bave;...M. ROLLINAT, Les Névroses, 1883, p. 142.• 2. Il [Gagou] s'est avancé sur la place, du côté des femmes, les bras ballants, la tête en avant comme une marmotte qui danse. Sa lèvre pend; il bave; son menton est huilé de salive. Une grimace qui est son sourire plisse son nez et le tour de ses yeux.GIONO, Colline, 1929, p. 73.— P. anal. [En parlant d'inanimés, spéc. de liquides qu'on verse ou qui coulent] Ne pas couler droit, couler le long des parois ou se répandre largement en débordant. Le sang ne jaillit pas, il bave (Nouv. Lar. ill., Lar. 19e); un rouge à lèvres qui bave, l'encre a bavé (ROB.) :• 3. Fink, avec sa brusquerie habituelle, s'éclipse pour commander du champagne. Bientôt un Heidsieck rosé bave dans les coupes.R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, p. 38.— Technique1. ,,Se dit des tuyaux de plomb d'où l'eau ne coule pas en droite ligne, ou d'un ajutage dont l'eau ne jaillit pas droit. Se dit aussi du métal en fusion quand il ne coule pas droit`` (JOSSIER 1881). [En parlant des robinets] ,,Ne pas couler en jets francs`` (QUILLET 1965).2. [En parlant de moulages en plâtre, en divers métaux] ,,Présenter des bavures`` (QUILLET 1965).3. PEINT. (aquarelle). [En parlant d'une teinte trop liquide, etc.] Couler.B.— Au fig., souvent péj.1. Baver de qqc. Exprimer de manière visible une émotion, un sentiment fort. Baver d'admiration, d'envie; baver de concupiscence (BLOY, La Femme pauvre, 1897, p. 261) :• 4. Pour l'affaire Du Paty Du Clam, c'est le pur banquet de l'ignominie, la mainmise du soldat sur l'appareil de justice, avec le consentement de nos grands chefs civils qui bavent de peur.CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, p. 34.— Fam. et pop. En baver. Être astreint à un effort pénible; souffrir, suer de cet effort. N'avoir pas fini d'en baver.— Plus rarement. Faire baver qqn, en faire baver qqn. Lui faire supporter une peine, un travail excessif :• 5. Parce qu'au dépôt, vous parlez si on se fait ch... Des sous-off, qui nagent pour ne pas repartir et qui t'en font baver; des marches de jour, des marches de nuit, du service, de l'exercice.DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 275.Rem. En indique de façon vague ce dont on s'occupe, et qui est suggéré par le contexte.2. Arg. Parler, dire (sans idée péjorative), dire des insanités :• 6. — On a plus le droit de juger, alors? On est pas dignes?— Tu juges pas, tu baves. Tu baves parce que tu t'es dégonflé.MALRAUX, L'Espoir, 1937, p. 681.Rem. L'Ac. Compl. 1842 mentionnait un sens qualifié de ,,vx lang.`` « bavarder, parler pour ne rien dire ».— Fam., absol. et plus fréq. dans l'expr. baver sur qqn, sur qqc. Médire, calomnier, souiller par ses paroles. Baver sur le talent, sur la vertu (Nouv. Lar. ill., Lar. 19e); baver sur qqn, sur la réputation de qqn (Ac. 1932) :• 7. On pouvait baver sur leur compte, lui savait ce qu'il savait, se fichait du bavardage, du moment où il avait l'honnêteté de son côté.ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 618.Rem. Sens également attesté dans FRANCE 1907.II.— Plus rare, emploi trans.A.— [Le compl. désigne un inanimé concr. et fonctionne comme un compl. d'obj. interne] Jeter de la bave, un liquide semblable. Madriers (...) qui bavent de la chaux (ROMAINS, La Vie unanime, 1908, p. 181).— Loc., fam. Baver le lait. Être très jeune (G. D'ESPARBÈS, Le Vent du boulet, 1909, p. 89).B.— Au fig., souvent péj.1. Fam. et pop. En baver des ronds de chapeau; var. en baver des ronds de citron. Exprimer son étonnement :• 8. Ah! alors! ... Gaspard, qui pourtant s'épate pas, il en bavait des ronds d'chapeau! ... parce que... v's savez pas combien qu'il l'paiera : dites voir un peu...BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 152.— Arg. Baver des clignots. Pleurer (FRANCE 1907).2. Parler avec trop d'abondance; médire. Baver sa haine; baver des détails à propos de qqc. avec une profusion de détails qu'elle bavait à propos du corsage. (HUYSMANS, Les Sœurs Vatard, 1879, p. 226).PRONONC. :[bave], (je) bave [ba:v].ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) Début XIVe s. « laisser couler de la bave » (G. DE BIBLESWORTH, Traité, 143 dans T.-L. : L'enfaunt bave de nature); b) 1680 p. ext. « ne pas couler droit (en parlant d'un liquide) » (RICH.); c) 1850 « médire, calomnier » (BALZAC, Œuvres diverses, t. 2, p. 431 : Au milieu de tout ce bruit, s'agite le factotum de la ville — toute petite ville a son factotum —, homme méchant et réputé délicieux [...] qui bave, mord, déchire, mène la ville par le nez, s'empare du Sous-Préfet); d) 1883 arg. en baver (LARCH. Suppl., p. 13 : baver (En). Être ébahi); 1915 id. « souffrir, peiner » (BENJAMIN, Gaspard, p. 134 : T'en fais pas; tu vas en baver! dit un autre); 2. ca 1450 « bavarder » (Mist. Vieil Testament, éd. Rothschild, 1878-91, XLIV, 46616, VI, 103 : Gournay — Il ne nous fault plus cy baver); sens courant au XVIe s., se maintient dans les lang. région. et arg. 1754 « bavarder, bredouiller, dire des paroles inutiles » (BOUDIN, Madame Engueule, p. 24 : Cadet, effrontément. Eh ben, quoi! qu'est que vous bavez, vous [qui vous écriez que je suis tombé dans le ruisseau]?).Dér. de bave; dés. -er.STAT. — Fréq. abs. littér. :196.BBG. — DUCH. 1967, § 22, 36. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 363.baver [bave] v.ÉTYM. Déb. XIVe; de bave.❖———I V. intr.1 Laisser couler de la bave, de la salive. || L'enfant bave pendant le travail de la dentition. || Il bave en parlant. ⇒ Saliver. — (Au sens 2 de bave). || Baver abondamment (dans une maladie). || Animal enragé qui bave. || L'escargot a bavé.1 Bave comme au printemps une vieille limace (…)Mathurin Régnier, Satires, 10.2 Il bave comme un pulmoniqueQui tient la mort entre les dents (…)Mathurin Régnier, Stances.3 (Un enfant) qui crie et bave pour toute réponse (…)Rousseau, Émile, II.2 Fig., fam. a Jalouser, tout en étant admiratif et surpris. || Sa réussite fait baver ses collègues.♦ Baver de : être ahuri, béant (d'admiration, d'étonnement, de surprise). || Baver d'admiration, de jalousie, de stupéfaction. || Baver de colère. → Outrance, cit. 4. || Il en bavait de peur.4 (…) il en bavait, tant la chose lui paraissait exorbitante (…)Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, V, 2.♦ Emploi trans. ☑ Très fam. En baver des ronds de chapeau : être ahuri, stupéfait.b (1883). || Baver, en baver : souffrir d'un travail pénible auquel on est soumis. || On en bave. || Il va vous en faire baver.♦ Par ext. Souffrir, avoir un sort pénible (sans idée de travail).4.1 Prenons le cas de Mozart, mort à trente-cinq ans après en avoir bavé de toutes les façons : jamais je n'ai pu arriver à le plaindre, cet animal-là (…)J. Dutourd, Pluche, IX, p. 106.b Littér. || Baver sur : salir, souiller par des médisances. ⇒ Bavasser (fam.), calomnier (qqn), médire. || Baver sur qqn, sur la réputation de qqn (Académie). ⇒ Salir, souiller.5 Rentre dans l'ombre où sont tous les monstres flétrisQui, depuis quarante ans, bavent sur nos débris !Hugo, les Chants du crépusule, 10.6 Ô pieds plats ! Votre plume au fond de vos masuresGriffonne, va, vient, court, boit l'encre, rend du fiel,Bave, égratigne et crache, et ses éclaboussuresFont des taches jusques au ciel !Hugo, les Châtiments, IV, 4.♦ (1850, Balzac). Absolt. Médire, calomnier.4 (1680). Ne pas couler droit, se répandre (en parlant d'un liquide). || « Le sang bave dans la saignée, quand il ne sort pas en jet » (Littré). || L'encre a bavé. ⇒ Bavocher.♦ Techn. Laisser échapper l'eau. || Tuyau, ajutage, robinet qui bave.♦ Présenter des bavures (d'un moulage).———II V. tr.1 Laisser, faire couler (un liquide assimilé à de la salive, de la bave). — ☑ Loc. fam., vx. Baver le lait : être très jeune.♦ Littéraire :7 Le temple enseveli divulgue par la boucheSépulcrale d'égout bavant boue et rubisAbominablement quelque idole (…)Mallarmé, Poésies, « Le tombeau de Charles Baudelaire », Pl., p. 70.2 (1754). Dire de façon incohérente, incompréhensible. ⇒ Bavasser, bavoter. || Qu'est-ce que tu baves encore ?♦ Dire en médisant. || Baver d'infâmes ragots.❖DÉR. Bavasser, baverolle, baveur, bavocher, bavoir, bavoter, bavure.
Encyclopédie Universelle. 2012.